8.5.20

Les jolies fleurs qui piquent


Tout à l'heure, Pimprenelle (c'est le petit nom que je donnerai à mon fils Lancelin sur le blog) a lu par dessus mon épaule et m'a demandé : "c'est quoi Tristelune ?"
Tristelune c'est moi, c'est mon pseudonyme, mon autre nom. Pour Pimprenelle je suis le standard Maman ou le très personnel Jean-Beul (Beul-Beul, Meul-Meul, Bleu-Bleu, bref, ça se décline, mais Jean-Michel Belette à la base). J'ai choisi de m'appeler Tristelune il y a quinze ans et ça restera, voilà bien une chose indélébile.

Il ne m'a pas questionné sur les chardons. La réponse aurait pu être simple : c'est ma fleur préférée. Ou plus compliquée : oh mon enfant, cela symbolise bien des choses ! Ouais bof tu parles. A l'époque je cherchais un nom pour mon nouveau blog et j'ai eu l'idée d'associer mon pseudo' à mes fleurs favorites : quel génie, quelle originalité ! 
Mais c'est comme quand on se met à étudier un poème, à chercher partout des figures de style on se prend à imaginer que l'auteur a voulu dire tout et son contraire, on fait la psychanalyse (plus ou moins foireuse) d'une strophe et de qui l'a composée ; si on veut décortiquer le chardon on peut y aller.
Comme c'est pas une pivoine on va pouvoir y aller sur son statut de mauvaise herbe, de plante invasive, méchamment piquante, etc. et y associer je ne sais quelle psychose.

Si je le fais moi-même on peut dire que ça compte, je vais analyser mon propre choix anodin d'il y a de nombreuses années ; avec mon œil d'aujourd'hui (celle d'il y a huit ans me traiterait probablement de psychanalyste de comptoir ou m'assommerait à coups de gourdin).

Les jumeaux. Les chardons, ce sont mes jumeaux. Ah ! quelle surprise ! évidemment que vous aviez vous-même fait la mise à jour ! (sinon c'est que vous ne me connaissez pas encore en tant que mère)

Mes fils, ces trésors, cette galère. D'un instant à l'autre ; tantôt délicates petites créatures auxquelles on offrirait le ciel, tantôt incarnation de Béhémoth et Léviathan qu'on enverrait bien quelque part dans les tréfonds. Je vais souvent parler d'eux, parce qu'ils sont tout simplement l'essentiel de ma vie. Et même si je passe mon temps à m'en plaindre, je ne voudrais pas qu'il en soit autrement. 

Pour un œil extérieur j'imagine que ça peut paraître triste de voir quelqu'un mettre ses enfants au centre de tout et de bâtir sa vie autour d'eux et non de les inclure simplement à sa vie.
Mais je ne me suis jamais sentie plus perdue que lorsque je me suis rendu compte que ma vie n'avait aucun sens. Je ne pouvais pas lui en donner. Elle n'en avait simplement pas. Je n'ai aucune passion, rien qui ne me détermine. Je n'avais jamais eu de travail, je n'avais jamais été fichue de trouver ma voie. Pas étonnant, je n'avais pas de voie !

Un jour j'ai pensé qu'avoir un enfant donnerait du sens à ma vie. J'avais la chance d'avoir un amoureux qui a accepté de me suivre dans cette nouvelle lubie. Bon, par contre c'était pas juste un enfant ; ils étaient livrés par deux, avec des petits soucis de santé bonus !

Alors certes ma vie ne m'appartient plus, mais elle a du sens. Enfin toujours plus qu'il y a 8 ans. Bon, attention à ne pas partir dans des tergiversations douteuses : non je ne me sacrifie pas. Je bosse dur pour être une bonne mère, pour gérer le foyer et l'intendance pendant que Qwenn enseigne à des ados ; mais c'est exactement ce que je veux et ce dont j'ai besoin.

Si tu me retires mes chardons tu me déracines avec ; et non je ne veux pas être rempotée.

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