Le gouvernement a pourri mon groove. J'étais bien, à la maison avec les enfants, à réfléchir à une éventuelle future IEF (instruction en famille), à poser mes idées, me documenter sur la pédagogie de Charlotte Mason, qui me plaît beaucoup, à imaginer comment je pourrais mettre ça en place dans le futur. Quand tout à coup on nous annonce que les enfants allaient retourner à l'école pour deux semaines.
Ah bon, bah d'accord, mais ça m'embête un peu. Les jumeaux n'étaient pas trop partants non plus mais finalement Hippolyte est très content de retrouver sa chérie et un copain dont il nous parle beaucoup en refusant quand même d'admettre que c'est son copain (allez comprendre) ; et Lancelin est content de retrouver sa maîtresse, même s'il est triste que sa chérie ne soit pas revenue en classe et que personne ne veuille jouer avec lui à la récréation (son frère et lui étant séparés au moment de la récré' pour cause de distanciation des groupes).
Juste à la reprise de l'école je me plonge dans le livre de Maéva résumant dans les grandes lignes la pédagogie Mason, comme prévu j'adhère pleinement aux idées (hors religion) et envisage de plus en plus l'idée d'offrir à mes fils une instruction à base de living books, de narrations, de cahiers de choses, de livre des siècles, etc. ; et je me retrouve avec deux marmots qui sortent tout contents de leurs classes, ravis de retrouver maîtresses et amis !
Bon.
Bah voilà quoi.
Le problème de la pédagogie Mason c'est que c'est aussi une philosophie. Une idée de l'instruction qu'il faut embrasser dans son entièreté si on veut qu'elle ait du sens ! Je ne peux pas envisager l'école publique en parallèle d'une instruction en famille. La surcharge de travail n'existerait pas dans la mesure où à la maison ils ne travailleraient que deux heures par jour, le mercredi et le week-end, que ce serait essentiellement de la lecture offerte, des explorations, des narrations, des approfondissements de ce qui serait déjà abordé en classe, mais en cherchant à asseoir leurs acquis, à leur donner du sens pour ne pas qu'ils finissent comme moi ; à regretter ces heures, ces mois, ces années, assise sur les bancs de l'école, dont je n'ai que si peu retenu ! J'ai acquis des bases, certes, mais j'ai surtout l'impression d'avoir perdu du temps, trop de temps, pourtant si précieux, surtout quand on est enfant. Ce serait donc envisageable de piocher quelques éléments de la pédagogie de Charlotte Mason à insérer dans nos vies ; mais cela n'aurait plus de sens dans la mesure où en aucun cas on ne suivrait le rythme naturel d'apprentissage des jumeaux, puisque le rythme d'apprentissage serait imposé par l'école, le même que celui de tous les autres enfants, quels qu'ils soient.
Ce serait même un peu dommageable dans la mesure où ces extras empièteraient sur leur temps libre, si précieux, tant à mes yeux qu'à ceux de Mason. Ce serait leur donner des clefs supplémentaires pour écouter, comprendre, découvrir ; mais rognerait plus encore sur la découverte et le déploiement de leurs passions...
Vous l'aurez compris, je suis encore paumée !
Les jumeaux et les sciences physiques : "C'est la magie du médicament qui bulle !" |
Tout ça pour dire que le mois de juin sera un peu pauvre en poésie ; ils en étudieront à l'école durant ces deux semaines, inutile de charger la mule.
On a quand même eu le temps d'apprendre un poème de Andrée Chédid (oui, la grand-mère de M, le chanteur, pour ceux/celles qui auraient eu un doute) et la première moitié d'un poème de Maurice Carême.
Un Lionceau au berceau
A un Souriceau
Se lia.
La Voyante clairvoyante
Cent mille fléaux
Prophétisa.
Mais, Souriceau et Lionceau
A travers joies et tourmentes,
S'aimèrent, s'aimèrent
Jusqu'au tombeau,
Sous l’œil contrit de la Voyante !
Andrée Chédid
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Deux petits éléphants blancs
C'était deux petits éléphants,
Deux petits éléphants tout blancs.
Lorsqu'ils mangeaient de la tomate,
Ils devenaient tout écarlates.
Dégustaient-ils un peu d'oseille,
On les retrouvait vert bouteille.
Suçaient-ils une mirabelle,
Ils passaient au jaune de miel.
On leur donnait alors du lait,
Ils redevenaient d'un blanc tout frais.
Mais on les gava, près d'Angkor,
Pour le mariage d'un raja,
D'un grand sachet de poudre d'or,
Et ils brillèrent, ce jour là,
D'un tel éclat que plus jamais,
Même en buvant des seaux de lait,
Ils ne redevinrent tout blancs,
Ces jolis petits éléphants.
Maurice Carême